La Part de l'Autre
La part de l'Autre
Eric-Emmanuel Schmitt
Uchronie, fiction
508 pages
Le livre de Poche
01/12/2003
Le fameux Smoking, no smoking d'Alain Resnais l'a illustré naguère au cinéma, la scientifique "théorie du chaos" déclinée par Lorenz le vérifie tous les jours auprès de l'enchaînement des événements naturels : il suffit parfois d'un rien, d'un chouïa, d'une relation causale infime pour que tel phénomène, inattendu, surgisse tandis qu'on ne l'attendait point. Inversement, pour que telle situation se profile alors qu'elle n'était aucunement escomptée. Ainsi en est-il du 08 octobre 1908 selon Éric-Emmanuel Schmitt : recalé ce jour-là par d'intransigeants censeurs de l'École des Beaux-Arts de Vienne, le candidat Adolf Hitler va s'acheminer vers une existence pétrie de ressentiment, de refus de compassion mâtiné d'une folle soif du pouvoir. Chacun en connaît les conséquences historiques : la Seconde Guerre mondiale, le nazisme, les camps de concentration, le génocide, deux bombes atomiques, cinquante cinq millions de morts… Mais que se serait-il passé, qu'aurait-il donc pu advenir, si au contraire Hitler avait été reçu aux Beaux-Arts comme apprenti peintre méritant ? À partir de cette question, de cette infime infinie possibilité, bascule l'Histoire dans son entier. S'ouvrent le doute, l'espoir, l'incertitude. L'imaginaire surtout, en la matière de cet étonnant roman où, fidèle à ses habitudes, l'auteur parvient – sur une idée plutôt convenue – à filer une trame aussi haletante que vertigineuse. Alternées tour à tour, défilent en effet sous nos yeux deux vies que tout oppose, en fonction de causes initiales radicalement opposées. D'un côté le clochard, le caporal à la Croix de fer, le dirigeant du parti national-socialiste fan de l'opéra wagnérien Rienz.
Ce livre était génial. Horriblement génial. J'ai adoré. Je ne sais pas quoi en dire tellement j'ai aimé ! Ce livre est une uchronie, il réécrit l'histoire en changeant un évènement important de celle-ci. Ici, l'évènement c'est l'histoire d'Adolf Hitler s'il avait réussi son concours à l'Académie des Beaux-Arts. L'hsitoire est vraiment magnifiquement écrite. On passe de la vie de Hitler (celui qui a raté son examen) à celle d'Adolf H. (qui lui, a réussi à rentrer à l'Académie). Et c'est magnifiquement fait. Je n'ai pas aimé Hitler e je n'ai pas non plus réellement réussi à m'attacher à Adolf H et pourtant, je l'ai dévoré. J'ai adoré la psychologie des personnages, j'ai adoré le fait de me reconnaître magré moi, de me dire que la possibilité du mal existe en chaque être humain, me dire qu'Hitler n'était qu'un homme. Même si ça m'a fait mal, même si ça m'a dérangée, j'ai adoré cette remise en question. J'ai trouvé ce roman magnifique, il pose de nombreuses interrogations très très intelligentes, il remet les choses en perspective et Eric-Emmanuel Schmitt le fait avec brio. Je ne dirai pas que je me suis attachée aux personnages mais je n'ai tout de même pas pu m'empêcher d'éprouver de la compassion ou du dégout ou des sentiments en toux cas envers eux; envers Hitler comme envers Adolf H. La plume était facile à lire mais elle me permettait de remettre des choses en perspective. Bref, ce roman était formidable, fantastique.
N'hésitez pas, lisez ce roman. Il ne vous plaira peut-être pas, il vous fera probablement être en colère, être mal, mais il vous fera vous posez des questions et c'est le plus important à mon sens.
"Aucune de ses pensées n'était destinée à autrui,-il se mentait d'abord à lui-même."
"Ils pouvaient devenir camarades, mais plus amis ; camarades car la camaraderie n'est ue le partage d'une situation commune ; plus amis car l'amitié suppose qu'on s'aime pour ce qu'on a de différent non pour ce qu'on a de commun."
"La haine lui avait donné le don de l'éloquence."
"Heureux ? Quelle drôle d'idée ! Est-ce-que le soleil est heureux."
"Je veux comprendre. Comprendre, non pas pour justifier. Comprendre non pas pour cesser de condamner. Comprendre pour moins souffrir. Le mal est un mystère plus profond que le bien car dans le bien, il a une lumière, un dynamisme, une affirmation de la vie. Comment Peut-on choisir l'obscur ?"
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