Monsieur Optimiste

Monsieur Optimiste
Alain Berenboom

Histoire de vie, biographie
236 pages
Genèse édition
24/09/2013


À la mort de ses parents, le narrateur décide de ranger, non sans réticence, les archives familiales empilées depuis des lustres dans une armoire. Il redoute ce travail fastidieux, tant il est persuadé que son père, un petit pharmacien de quartier, a eu une vie « sans histoires ». Or, au fil des découvertes, se dessine le portrait d’un Don Quichotte original et aventureux qui, sous couvert de patronymes différents, a vécu plusieurs vies avec l’indéfectible optimisme des vrais héros. Ayant quitté son shtetl de Pologne, il est venu en Belgique à la fin des années vingt étudier la pharmacie à Liège. Comme il ne parle pas français, il trouve le job idéal auprès d’un prestidigitateur à la recherche d’un « étranger » prêt à monter sur scène à chaque représentation pour confirmer au public que la femme à couper en deux est bien dans son écrin. C’est ainsi que commence une vraie de magicien qui va lui permettre de surmonter les épreuves qui se succèdent, l’entrée en guerre, le voyage de noces avec sa jeune épouse, la belle Rebecca, à Boulogne-sur-Mer sous les bombardements, une amitié imprudente avec un Allemand qui se révèle espion du IIIe Reich. Il lui faut déployer beaucoup d’imagination pour éviter l’arrestation par les nazis mais aussi par la Sûreté de l’État, à l’affût de ses amitiés communistes. Mauvais juif mais lecteur assidu de la Bible, mauvais Polonais qui résiste aux appels au retour de sa mère dont les lettres lui racontent mois après mois une vision idyllique de son village, tenté d’immigrer en Israël, défenseur forcené de son pays d’accueil : voilà quelques-unes des facettes contradictoires de Monsieur Optimiste. À travers ce récit, tantôt burlesque, tantôt poignant et nostalgique, inspiré de la vie du père de l’auteur, c’est l’histoire du XXe siècle qui se dessine en filigranes mais c'est surtout pour l'auteur une façon de tendre la main à ses origines et de cerner sa propre identité. Comment deux immigrés de l’Est ont fabriqué un « Belge de souche »… 


Ce roman découvert grâce aux Belgestagram Challenge était vraiment une très bonne lecture. Alain Berenboom a une magnifique écriture. Dans ce livre, il nous raconte ses recherches et ses découvertes sur ses parents après leurs morts. Rétrospectivement, il retrace leur chemin : depuis leur départ de Pologne et de Russie, à leurs études, leur rencontre, leur judéité, la façon dont ils ont vécu la guerre ensuite la libération, les rêves de son père et puis sa naissance, son enfance, ... Il nous explique sa compréhension des silences sur le passé de ses parents qu'il a commencé à comprendre seulement 10 ans après la mort de sa mère. À un moment où, bien sûr, il ne pouvait plus recevoir de réponse de qui que ce soit. Il ne nous parle pas seulement de ses parents juifs polonais et russes voulant devenir de vrais belges, adoptant toutes les coutumes et traditions devenant ainsi plus bruxellois que les bruxellaires ; il nous parle aussi des sa grand-mère peu connue, de sa tante morte durant la guerre, de son grand-père, etc. Entre des documents et des faits, l'auteur nous livre également de petits commentaires touchants ou ironiques mais toujours pertinents et intéressants. En effet, il tente de nous dire la vérité, sans inventer mais c'est parfois dur car, ni lui, ni nous n'aurons toutes les réponses désirées comme c'est le cas dans un roman. Cette histoire est magnifiquement racontée et l'auteur a une plume magnifique: j'ai passé mon temps à relever des citations. Ce ket de Bruxelles m'a fait découvrir une histoire de famille touchante et magnifiquement tournée. 

C'est donc vraiment un tof roman que je recommande chaudement à tous ceux que l'histoire intéresse et qui ne seront pas dérangés par le fait de ne pas avoir tous les éléments à la fin de l'histoire car, ici, ce n'est définitivement pas le cas. 


"Mais qui, à notre époque, peut prétendre à l'oubli ?"

 "Avec les dieux, c'est toujours la même chanson. Ils ne peuvent s'empêcher de casser l'ambiance, des fois que le bonheur des humains mettent leur puissance en péril."

"Mourir pour mourir, il préférait choisir son destin."

"On a besoin d'illusion et de mensonges autant que de pain."

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