Thésée, sa vie nouvelle

  Thésée, sa vie nouvelle
  Camille de Toledo

  Récit de vie, famille
  20/08/2020
  256 pages
  Editions Verdier

Thésée quitte « la ville de l'Ouest » et part vers une vie nouvelle pour fuir le souvenir des siens. Il emporte trois cartons d'archives, laisse tout en vrac derrière lui et s'embarque dans le dernier train de nuit vers l'Est avec ses enfants. Il va, croit-il, vers la lumière, vers une réinvention. Mais très vite, quelque chose apparaît au lecteur, qui semble poursuivre Thésée et qu'il refuse de voir... 
Traversée de la nuit, enquête généalogique dans les strates du temps, plongée dans une histoire du secret et de la violence qui frappe plusieurs générations, ce livre approche au plus près l'énigme de la transmission, quand ce qui n'a pas été dit dans le passé hante l'avenir. C'est aussi une puissante leçon de revivance, où entraîné dans la mort par des forces ancestrales, un père, pour ses enfants, cherche à retrouver des forces de vie.

J'ai lu ce livre dans le cadre du "prix Goncourt Belgique". Avec plusieurs élèves de mon université, nous lisons les sélections du Goncourt et élisons notre favori que nous allons devoir aller défendre devant d'autres élèves d'autres universités. 

J'ai beaucoup aimé ce livre. Au départ, j'étais un peu réticente car la forme que prend ce roman est très étrange. Il n'y a pas de chapitres mais il n'y a pas non plus de phrases au sens strict du terme. En effet, le roman ne comporte presque pas de phrases commençant par une majuscule et finissant par un point. On trouve surtout des mots qui se suivent avec cohérence (comme des phrases en fait) mais séparés pas des point-virgules, deux points ou des virgules... On trouve également des espèces de poèmes, des extraits d'un journal (type journal intime) ou encore des photos. C'est assez étrange mais une fois qu'on s'y ait fait, le roman est passionnant. L'histoire m'a absorbée et pourtant je ne pense pas que je l'aurais jamais acheté si je n'avais pas dû le lire dans le cadre du Goncourt... On y découvre l'histoire de Thésée dans une narration qui varie entre un point de vue externe et un point de vue interne sans qu'on sache vraiment où commence l'un et ou finit l'autre... C'est déroutant mais ce qui nous est raconté est si passionnant que ça ne m'a pas dérangé plus que ça. Thésée a perdu son frère, il s'est pendu puis, sa mère est morte (de chagrin pourrait on dire) et ensuite son père. Il se retrouve donc seul, dernier survivant de sa famille... Il décide de tourner la page et d'aller habiter en Allemagne, il veut oublier sa famille et cette espèce de malédiction qui les poursuit. Mais quand lui aussi tombe malade (d'une façon psychosomatique peut-on dire, il a l'impression d'être malade et pourtant, les médecins ne trouvent rien), il décide de rouvrir les mémoires du passé. On découvre alors une histoire de famille des plus tristes, des plus terribles. 
Vous aurez donc compris que ce roman m'a passionné. En plus d'avoir une écriture étrange et donc intéressante, le récit en lui-même m'a également énormément plu. L'histoire est passionnante et bouleversante ! Je le recommande donc vivement...

"qui commet le meurtre d'un homme qui se tue"

"les corps se jouent de nous, ils pilotent le destin la matière dispose de nous, les vibrations oubliées nous gouvernent les secrets enfouis, les blessures du passé nous requièrent"

"toi qui, comme le père et la mère, fus élevé dans l'illusion moderne celle d'une coupure depuis laquelle on croit s'élancer, vivre, exister"